Avec Peter et Moka, tatoueurs chez La Bête Humaine
Monstres farceurs, objets possédés, esprits errants ou animaux métamorphosés… Les yōkai peuplent l’imaginaire japonais depuis des siècles. Ces créatures surnaturelles incarnent des peurs, des symboles, ou simplement une vision poétique du monde invisible. Ni bons ni mauvais, souvent ambivalents, ils fascinent par leur diversité. Et dans l’univers du tatouage, ils ouvrent un champ de création infini. Chez La Bête Humaine, Peter (@mr.tanukittt) et Moka @mokatattoo) plongent régulièrement dans ce folklore pour en extraire des pièces vivantes et puissantes.
Un bestiaire libre et infini
Pour Peter, « les yōkai, c’est l’univers de tous les possibles ». Leur richesse esthétique n’est plus à prouver, mais c’est surtout leur capacité à tout incarner – animal, objet, esprit – qui séduit. « On peut même moderniser : imagine un smartphone qui devient un petit monstre… Il pourrait aspirer ton âme à chaque heure passée sur les réseaux sociaux. »
Moka partage cette vision d’un univers sans limite : « Chaque yōkai a sa personnalité, son histoire. Cela permet de créer à chaque fois une composition unique, narrative, et profondément personnelle. »
Des figures inspirantes, aux multiples visages
Leurs yōkai préférés ? Peter opte pour le Chōchin-Obake, une lanterne transformée en esprit : « Les formes, les couleurs, la lumière : tout est là pour faire une pièce marquante. » Mais son cœur reste fidèle au tanuki, espiègle et farceur, « parce qu’il me ressemble un peu. »
Moka, lui, est attiré par Aoandon, un démon féminin à la peau bleue, lié aux contes de fantômes japonais : « Elle incarne le passage entre la fiction et la réalité, elle donne vie aux histoires. »
Ces choix ne relèvent pas du hasard : chaque tatouage s’appuie sur une véritable construction visuelle. Peter s’inspire des éléments liés au yōkai ou aux codes du tatouage japonais, tout en adaptant selon le symbolisme recherché par le client. Moka insiste sur l’importance de la recherche : « Connaître l’origine, le comportement du yōkai, ça guide la composition, le fond, les couleurs. Le but, c’est que ça raconte quelque chose. »


Tradition réinterprétée et styles assumés
Tous deux revendiquent un style new school, loin des représentations figées. « Le cartoon se prête bien à l’univers des yōkai », explique Peter. « On joue avec les formes, on déforme, on accentue leur étrangeté. »
Moka précise : « J’adore l’esthétique des estampes, mais j’ai besoin de mouvement. Le new school permet des compositions plus dynamiques et expressives. » Une liberté qui reflète aussi l’esprit même des yōkai : insaisissables et multiples.
Demandes, symboles et évolutions
Certains arrivent avec une idée claire du yōkai qu’ils souhaitent. D’autres se laissent guider par les flashs proposés. Dans tous les cas, Peter et Moka les accompagnent dans le placement, la composition, et l’adaptation au corps. Les figures les plus demandées ? Le Hannya, incontournable, même chez ceux qui ne connaissent pas le folklore ; et le kitsune, très populaire ces dernières années grâce à la culture pop.
Malgré cette montée en visibilité, les yōkai restent encore une niche : « On adorerait en faire plus, mais la demande est encore timide », constate Peter. « Ils restent dans une sphère un peu underground, réservée aux passionnés », ajoute Moka. « Peut-être que cet article aidera à les faire connaître davantage. »

Contraintes techniques et liberté de placement
Tatouer un yōkai exige rigueur et créativité. La principale difficulté, selon Peter, est de « conserver une composition dynamique et lisible malgré la complexité des formes ». Moka met l’accent sur les couleurs et le placement : « Les grandes zones plates comme le dos ou la cuisse permettent de pleinement développer l’univers du yōkai. »
Cela dit, il n’y a pas de zones interdites : « L’important, c’est l’envie du client et la bonne adaptation à la morphologie et au vieillissement de la peau », conclut Peter.
Yōkai et pop culture : un folklore universel
Si les yōkai restent encore peu connus du grand public, leur influence est déjà bien ancrée dans la culture populaire : « Pokémon, Bleach, Ghibli… Beaucoup de figures viennent directement de yōkai », explique Peter. « Ils parlent à l’enfant en nous : nos peurs, nos rêves, notre imagination. »
Moka partage ce constat : « Ce sont surtout les passionnés qui font le pas aujourd’hui. Mais les yōkai ont tout pour toucher un public plus large : ils sont libres, ouverts, pleins de récits. »
Tatouer l’invisible
Tatouer un yōkai, c’est plus que graver une créature sur un corps. C’est ouvrir une porte vers un autre monde, raconter une histoire, ou simplement donner vie à un esprit farceur qui vous accompagnera : peut-être pour vous protéger, peut-être pour vous piquer vos chaussettes. Grâce à des artistes comme Peter et Moka, ces créatures millénaires trouvent une nouvelle vie sur peau humaine – et peut-être, bientôt, sur la vôtre.


Illustrations de Peter
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