Satomi et Baybay Blondy, gardiennes de l’héritage de Xed Lehead

Au printemps 2024, la tatoueuse Baybay Blondy restaurait un tatouage réalisé près de quinze ans plus tôt sur la manageuse de La Bête Humaine par le légendaire Xed Lehead. Récit.

Un tatouage sur la nuque à forte portée symbolique

En 2010, au cœur de Londres, un moment charnière survient dans la vie de Satomi. Celle qui, une décennie plus tard, deviendra manageuse du studio parisien La Bête Humaine et commissaire de sa galerie d’art La Lison, se fait tatouer la nuque – et certainement pas par n’importe qui.

Celui qui tient le dermographe n’est autre que Xed Lehead, personnage emblématique s’il en est et figure tutélaire du tatouage géométrique, du pattern et du dotwork.

Encore plus qu’un geste esthétique, le tattoo arboré par Satomi symbolise toute une époque de sa vie de performeuse shibari au Japon (une discipline artistique où l’en entrave les corps à l’aide de cordes de jute tout en créant des formes géométriques avec celles-ci).

Quant au décès récent de Xed Lehead, il est venu ajouter une charge émotionnelle supplémentaire à l’œuvre, le muant en un autre mémorial de son talent révolutionnaire.

Mais le temps reste le temps : quatorze ans d’existence ont estompé les contours du tatouage, rendant nécessaire une revitalisation pour honorer adéquatement son histoire et sa beauté.

C’est là que Baybay Blondy est entrée en scène.

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Un lien fort entre Baybay Blondy et l’univers de Xed Lehead

Baybay Blondy est l’une des guests régulières de La Bête Humaine, portée – entre autres – par la géométrie sacrée, la numérologie et le tarot. Or même si elle n’a jamais rencontré en personne Xed, elle s’est imprégnée de son héritage à travers son shop et ce que lui a transmis Max, ancien complice de Xed.

Nous sommes en 2015 : Baybay traverse la Manche et pose ses valises dans la capitale britannique. « À l’époque, je suis photographe fraîchement diplômée des Beaux-Arts et je me retrouve à Londres, avec la volonté de poursuivre mon processus de recherche sur le corps et l’identité« , raconte Baybay sur son compte Instagram. « J’y fais la rencontre de Max, qui met ma toute première machine à tatouer entre mes mains« , poursuit-elle. L’artiste, spécialisé dans la géométrie sacrée, deviendra son mentor. « Il m’a transmis beaucoup plus qu’un métier : les valeurs du tatouage« .

Grâce à Max, Baybay se retrouve dans le mythique studio Divine Canvas, celui-là même fondé plusieurs années auparavant par Xed Lehead. Dans ce shop lové entre Camden Town et Angel, la Française joue non pas du dermographe mais bien de l’appareil photo. « Grâce à Max, j’ai eu l’honneur de rencontrer et de photographier l’équipe de Xed Lehead« , rapporte l’artiste. « Ma découverte du tatouage a débuté de cette manière : j’ai photographié à Divine des tatoueurs tatoués sur le visage par Xed tout en découvrant son univers psychédélique rempli de peintures géométriques« . Une expérience qui imprégnera durablement l’imaginaire de la future tatoueuse.

La restauration d’une œuvre d’art sur épiderme

C’est forte de cet héritage qu’au printemps 2024, Baybay Blondy se voit confier par Satomi la mission de se pencher à son tour sur son tattoo nuchal.

Sa mission : rehausser le noir du tatouage existant tout en préservant l’intégrité de l’œuvre originale… et en y ajoutant une touche personnelle.

Par ses mains, le tatouage de Satomi reçoit non seulement un renforcement de ses noirs, avec un passage du blackwork au dotwork, mais aussi une expansion délicate avec l’ajout de quatre fleurs symétriques, ce qui vient créer une harmonie visuelle pour relier la nuque aux épaules et aux bras.

Cette intervention sur le tatouage n’était pas seulement une nécessité esthétique, mais aussi un acte chargé de symbolisme et de respect mutuel. Pour Baybay, travailler sur une œuvre de Xed est un honneur. Cet acte de restauration est devenu un hommage à la fois personnel et artistique à un mentor par procuration, connu que par héritage et réputation.

L’histoire de ce tatouage reflète les cycles de mentorat et d’inspiration qui animent depuis des décennies le monde du tatouage. Une illustration supplémentaire s’il en fallait : Bellmann, qui fabrique les machines de Baybay depuis sept ans, fut également un protégé… de Xed. Du shibari japonais aux artistes londoniens en passant par le tatouage parisien, le monde semble plus que jamais bien petit.

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Se faire tatouer à La Bête Humaine : informations pratiques

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