Exposition de Claude Guénard : Rites Charnels

Chantre de la figuration décomplexée, adepte d’un érotisme (dé)culotté et drôle, ami de Robert Combas : Claude Guénard est tout cela à la fois. Cette figure de l’art contemporain fait à la galerie La Lison l’honneur d’une exposition dédiée aux rites charnels, entre corps tatoués et marié∙es mis∙es à nu. Vernissage gratuit le jeudi 12 septembre 2024 dès 19h30 !

L’artiste : Claude Guénard

Né en 1949 à Mayenne, Claude Guénard est un artiste au parcours exceptionnel. À seulement 16 ans, il fait son entrée aux Beaux-Arts, qui va marquer le début d’une carrière artistique qui le mènera aux quatre coins du monde. À 21 ans, il quitte la France pour l’Afrique, où il passera près de vingt ans, absorbant les cultures et les paysages qui influenceront profondément son travail. Cette expérience africaine se reflète dans la diversité et la profondeur de ses œuvres, qui oscillent entre peinture, sculpture et gravure.

De retour en France en 1993, Guénard installe son atelier en région parisienne et se consacre entièrement à sa production artistique. Ses œuvres ont été exposées dans des galeries émergentes à l’international, de Paris à New York en passant par Séoul, Dubaï et autres métropoles. En parallèle, il a aussi enseigné dans des écoles d’arts en Afrique et en France, partageant son savoir et sa vision artistique avec de jeunes talents.

Mariés au premier tatouage

Commissaire de l’exposition, Valérie Dufour a travaillé en étroite collaboration avec Claude Guénard pour définir la thématique de Rites Charnels. Ce titre évocateur résume parfaitement l’essence des œuvres présentées : une exploration de la chair, du tatouage, du mariage et des rites qui y sont associés. L’exposition se décline en trois séries principales, chacune mettant en lumière une facette différente de ces thématiques.

La première série réinvente les photos de mariage. Guénard a découvert des photographies de noces datant des années 1940 à 1950, chinées dans des brocantes de France. Utilisant une technique unique de grattage, il altère ces photos en les grattant avant de redessiner par-dessus, pour créer des œuvres qui résonnent d’une manière nouvelle. Cette réinterprétation des clichés d’antan questionne la nature des rituels et leur persistance dans le temps.

La deuxième série, des dessins représentant des scènes de tatouage, est un hommage direct à l’art du tattoo, qui est au cœur du studio La Bête Humaine. Ces œuvres, réalisées directement à l’acrylique sur papier, capturent l’intensité et la douleur, mais aussi la beauté et la signification du tatouage comme rite de passage.

Enfin, la troisième série, composée de peintures de grand format (acrylique sur toile), est sans doute la plus spectaculaire. Ces toiles, dont certaines mesurent jusqu’à 160 centimètres par 160, continuent d’explorer les thèmes du mariage et du tatouage, avec une touche de provocation et d’érotisme caractéristique de l’ensemble de l’œuvre de Guénard. Mariés entièrement tatoués, scènes nuptiales transgressives – chaque peinture invite à une réflexion sur la manière dont la société contemporaine aborde les concepts de corps, d’identité et de rituel.

L’érotisme et la provocation comme marques de fabrique assumées

Claude Guénard n’est pas un artiste qui s’embarrasse de conventions. La commissaire de l’exposition souligne avec justesse que « l’érotisme et la sexualité sont omniprésents dans son travail« . Pour le spectateur novice – et sensible –, ses œuvres semblent flirter avec les limites de l’obscène. Pourtant, il n’en est rien. Au-delà de cette apparente provocation, il y a une véritable désacralisation des tabous, une exploration ludique et satirique des stéréotypes qui façonnent notre perception du corps et de la sexualité.

L’écrivain Jean Rouaud décrit l’approche de Guénard avec une métaphore… frappante. « Sur le ring ou sur la toile, tous les coups sont permis pourvu qu’ils respectent les règles de l’art« , dit de lui le lauréat du prix Goncourt. « Sa peinture n’atterrit pas en douceur, elle s’écrase sur la toile. De l’impact, comme un accélérateur de particules, on attend une explosion de lumière et un supplément de connaissance« . Une citation qui capture parfaitement l’intensité brute émanant des œuvres du Mayennais.

Damien Sausset, critique d’art pour Art Press, parle quant à lui de la capacité de l’artiste à « transcender les contradictions » pour créer des œuvres qui sont autant de témoignages allégoriques de son expérience humaine. Ses peintures ne sont pas de simples représentations, mais des exutoires où s’entremêlent les émotions, les pulsions et les réflexions d’un homme profondément ancré dans son époque.

Une œuvre entre critique sociale et liberté d’expression

L’exposition Rites Charnels s’inscrit également dans un contexte sociétal où la liberté d’expression, celle de titiller les croyances et les religions, est de plus en plus contestée. Dans ce climat, l’œuvre de Claude Guénard fait figure de manifeste pour la liberté artistique, comme un pied-de-nez aux conventions qui entendent museler la créativité sous prétexte de moralité.

Milagros Bello, docteure en sociologie, décrit le travail de l’artiste comme une provocation assumée, arguant que « ses œuvres sont des dessins modifiés, qu’il re-compose et ré-ordonne en images déjantées, politiquement chargées« . Elle met en lumière la manière dont Guénard déconstruit des formes basiques pour y superposer des images sexuelles provocantes, et créer par ce biais une iconographie incendiaire qui défie les conventions sociales.

De manière similaire, Diane Lisarelli, journaliste pour Les Inrocks, voit dans l’œuvre de Claude Guénard une passion pour le jeu, que ce soit le jeu des mots, des corps, des couleurs ou des matières. Elle écrit : « Claude Guénard désacralise, s’amuse avec les références artistiques obligées, les reliques de salle des ventes, les images de papier glacé. Il les chahute, les malmène, toujours avec malice et désir« . Cette approche ludique, presque anarchique, est au cœur de Rites Charnels, une exposition qui refuse les compromis et embrasse la transgression comme mode d’expression.

Le sens profond des rites charnels

Au-delà de la provocation et de l’érotisme, Rites Charnels est une réflexion profonde sur la nature des rituels dans notre société contemporaine. Valérie Dufour et Claude Guénard sont unanimes : pour le duo, l’on vit une époque marquée par un vide de rituels. Que ce soit le tatouage, le mariage ou d’autres formes de rites de passage, ceux-ci ont perdu de leur sens et de leur solennité.

Cette perte est symbolisée par les œuvres de l’artiste, qui cherchent à redonner un sens, voire à réinventer ces rituels à travers l’art. Cette exposition ne se contente pas de présenter des œuvres ; elle invite le spectateur à une introspection sur ce que signifie être humain dans un monde en perpétuelle évolution.

Claude Guénard, dans sa démarche artistique, ne cherche pas à imposer un message, mais plutôt à provoquer un questionnement. Il se positionne en observateur de la condition humaine, utilisant son art pour explorer des thèmes aussi divers que le corps, la sexualité et les rituels sociaux. Comme le théorisait Marcel Duchamp, l’art n’a pas pour rôle de délivrer un message, mais plutôt d’induire un questionnement. Guénard incarne parfaitement cette philosophie, en produisant des œuvres qui sont autant de miroirs dans lesquels la société est invitée à se regarder.

Une exposition incontournable à Paris

L’exposition Rites Charnels à La Lison est un événement majeur, ouverte autant aux amateurs d’art contemporain et aux passionnés de tatouage qu’aux simples curieux. Une occasion unique de découvrir un artiste à l’apogée de son talent, dont les œuvres interrogent, provoquent et fascinent.

Claude Guénard nous invite à un voyage dans les tréfonds de la chair, là où les rites se redéfinissent et où la liberté d’expression trouve sa plus pure expression. La Lison vous donne rendez-vous le jeudi 12 septembre à 19h30 pour le vernissage de cette exposition unique, qui se poursuivra jusqu’au samedi 26 octobre 2024.

Exposition de Claude Guénard à La Lison : informations pratiques

Vernissage : jeudi 12 septembre 2024 à partir de 19h30

Page Facebook Événement : Rites Charnels

Durée : du jeudi 12 septembre 2024 au samedi 26 octobre 2024

Accès : du jeudi au samedi de 10h à 19h

Tarif : entrée gratuite

Claude Guénard sur le web : site internet / compte Instagram

Adresse : 5 rue Pierre Chausson, 75010 Paris

Contact : galerielalison@gmail.com