Événement : Exposition Recto Verseau jusqu'au samedi 1er novembre 2025  |  Voir les détails

Recto Verseau : tatouer la matière, révéler l’inconscient

Du vendredi 19 septembre au samedi 1er novembre 2025, la galerie La Lison accueille Recto Verseau, la nouvelle exposition de Baptiste Hersoc. Une peinture de matière, de lumière et d’archéologie intérieure, où l’observation du réel et l’exploration de l’inconscient se répondent.

Hersoc a exposé à New York dans la galerie Last Rites du tatoueur légendaire Paul Booth, figure incontournable du réalisme sombre et visionnaire. Son travail s’inscrit aussi dans le mouvement Lowbrow, un courant né en Californie mêlant culture populaire, surréalisme et imagerie underground. Ce style direct et foisonnant inspire aujourd’hui une grande partie du tatouage New School, par ses couleurs vives, ses références décalées et son esprit de transgression.

Sommaire

  1. Le réel saisi par la matière
  2. Alchimie de l’inconscient
  3. Peau et pigments
  4. Recto Verseau : une pièce, deux faces
  5. Une pratique de recoudre
  6. L’artiste
  7. Infos pratiques

Le réel saisi par la matière

Pour Hersoc, le réalisme n’est pas la copie du visible : c’est l’étude de la matière frappée par la lumière. Le monde, fait de textures, de densités et de reflets, se prolonge dans la matière du corps. Sa peinture à l’huile assume cette affinité organique : elle résonne avec nos viscères, nos émotions premières, ce qui « fait vie » : le visqueux, la terre, l’humide. L’huile, épaisse et fertile, est traitée comme un terreau en gestation : elle porte en elle toutes les possibilités, encore noires dans l’obscurité du tube.

Cette logique s’incarne dans une chimie précise des règnes : minéral, végétal et animal entrent en dialogue selon des proportions maîtrisées. À partir de matériaux bruts, l’artiste fabrique ses médiums puis les incorpore à la peinture. Quand l’équilibre est atteint, la matière « se laisse conduire » et, à son tour, guide le geste.

Alchimie de l’inconscient

Au-delà de l’observable, Hersoc revendique une exploration de l’inconscient. Il joue des symboles comme on combine des réactifs : certaines unions produisent des harmonies, d’autres des réactions explosives. L’image naît de ce moment critique : pétillement, écume, signe tangible d’une transformation où des éléments bruts deviennent une entité nouvelle. Les toiles sont ainsi proposées comme des « seuils visuels » : chacun est invité à y projeter sa part enfouie et à la reconnaître.

Baptiste Hersoc - Galerie la lison
Baptiste Hersoc - Galerie La Lison

Le tatouage, un langage commun

Le tatouage partage ce même triptyque : matière, lumière, inconscient.

  • Matière : l’encre et la peau, grains, rugosités, cicatrices ; un support vivant qui réagit.
  • Lumière : le volume naît du contraste, du modelé, de la brillance des noirs et des reflets sur l’épiderme.
  • Inconscient : les motifs, souvent symboliques ou totémiques, catalysent des récits intimes.

Comme la peinture d’Hersoc, le tatouage procède d’un pacte avec la matière : on n’impose pas, on compose. La peau, comme la pâte picturale, « guide le geste ». L’atelier et la galerie deviennent des lieux d’alchimie : on y fabrique des signes durables qui transforment celui qui les porte, sur la toile ou sous la peau.

Recto Verseau : une pièce, deux faces

Titre de l’exposition et d’une toile clef – celle des livres reliés d’un cuir humain – Recto Verseau condense l’intention : tenir ensemble les polarités (conscient/inconscient, visible/invisible, corps/esprit) comme les deux faces d’une même pièce. Ce recto-verso n’est pas un choix, c’est une condition : l’image n’advient que lorsqu’elle réconcilie ce qui s’oppose.

Le titre ouvre aussi un horizon symbolique : l’« ère du Verseau », qui succède à celle des Poissons selon la précession des équinoxes. On peut y lire une dynamique contemporaine : circulation libre des connaissances, désenclavement de l’ésotérique, rapport direct au spirituel, conscience individuelle du collectif et du planétaire. En clair : la possibilité d’un nouveau cap où nous redéfinissons ce que nous voulons transmettre et inscrire.

Recoudre

Hersoc cherche une expression qui éclaire l’intérieur de l’être. Il s’agit de rouvrir le dialogue avec les rêves, d’affronter ce qui se contredit en nous et de « recoudre » les déchirures. Là encore, la parenté avec le tatouage est explicite : chaque pièce est une suture symbolique, une inscription qui relie des fragments d’histoire personnelle. La peinture, comme l’encre, fabrique des continuités.

Peinture à l'huile par Baptiste Hersoc

L’artiste

Né en 1984 en Picardie, Baptiste Hersoc grandit au contact de la nature. Diplômé de l’ESAG Penninghen (2007), il débute par la bande dessinée et l’illustration, enseigne le dessin et illustre des contes et légendes pour Flies France et Magellan & Cie.

À partir de 2015, il s’oriente vers la peinture à l’huile et engage une recherche exigeante autour des recettes et techniques des maîtres du XVIIᵉ siècle (Rubens, Rembrandt, Caravage). Son travail, centré sur l’exploration de la psyché et du corps, prend forme dans le cycle Introspection.

Depuis 2019, il expose dans plusieurs galeries américaines (La Luz de Jesus, Stone Sparrow NYC, Last Rites Gallery, Booth Gallery, Beinart Gallery), affirmant une pratique où le langage des rêves et l’alchimie de la matière donnent naissance à des visions intérieures en résonance avec la réalité du monde.

Informations pratiques

📍 GALERIE LA LISON
Du vendredi 19 septembre au samedi 1er novembre 2025
5 rue Pierre Chausson 75010 Paris
Du mercredi au samedi de 12h à 19h
Page Facebook Événement : Recto Verseau